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QUÊTE DE MERLIN.

ner. — Il faut t’apprendre à saluer une autre fois les dames : tu recevras pour l’avoir oublié tant de honte que tu t’en donneras garde une autre fois. Je ne veux pas cependant que la punition soit durable ; mais, quant à celui que tu cherches, ce n’est pas dans le royaume de Logres que tu pourras en avoir nouvelles, c’est en la petite Bretagne. Je te quitte et te laisse suivre ton chemin, en te souhaitant de ressembler au premier homme que tu rencontreras. » Elle s’éloigna, et Gauvain ne laissa pas, malgré son ennui, de la recommander à Dieu. Il n’eut pas chevauché la longueur d’une lieue[1], qu’il rencontra le nain chevalier et sa demoiselle. On était au jour de la Trinité, le soleil marquait midi. Gauvain voyant la demoiselle, n’oublia pas ce qui lui était arrivé l’heure d’auparavant. « Dieu, damoiselle, »dit-il en la saluant, « vous donne joie, et à votre compagnie ! — Et à vous la bonne aventure ! » répondit le chevalier nain. Et ils continuèrent à chevaucher d’un et d’autre côté.

À peine s’étaient-ils séparés, que le nain hideux sentit revenir son ancienne beauté et l’ap-

  1. Une galesche, une lieue galesche. Je crois que ce mot répond à la leuca gallica de Jornandès et autres. C’est notre lieue de quinze cents à deux mille pas opposée au mille anglais.