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LE ROI ARTUS.

vaux doucement amblants furent mis sur la voie qui conduisait à Carduel en Galles, où séjournaient alors Artus et la reine Genièvre à grande compagnie de chevaliers, de dames et demoiselles. Arrivés au palais, on descendit le chevalier sous deux sycomores plantés devant la porte principale. Le Roi était alors assis au dîner, entouré de ses barons. Le chevalier se fit porter en litière dans la salle, et, après avoir humblement salué Artus, il le pria de faire venir la Reine devant laquelle il devait acquitter son vœu. Keu, le sénéchal, courut à la chambre où se tenait Genièvre : « Dame, » lui dit-il, « un chevalier vient d’arriver en litière, apportant je ne sais quelles nouvelles ; mais il ne veut les dire qu’en votre présence. » La Reine se leva de table et se rendit dans la salle du Roi, bien accompagnée de dames et demoiselles. Dès qu’elle fut venue, le chevalier se fit dresser sur son séant, et de sa plus forte voix parla ainsi :

« Roi Artus, pour acquitter ma promesse et pour garder loyauté, je viens me mettre en ta prison, honteux et confus d’avoir été conquis par la plus laide et la plus chétive créature du monde. » Cela dit, il fit signe à ses écuyers de l’emporter. Mais le Roi : « Comment ! chevalier, s’il est vrai que vous veniez en ma prison, vous devez agir en prison-