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LE ROI ARTUS.

route et raportèrent à l’empereur les paroles qu’ils avaient entendues. Lucius ne put les écouter sans rougir et pâlir de colère. Aussitôt il rassembla une armée formidable, passa, le Montjeu, descendit en Bourgogne et vint établir son camp dans les plaines voisines de la grande ville d’Autun.

De son côté, Artus n’eut pas besoin d’écrire ses brefs aux princes et barons de ses domaines ; Merlin s’était chargé de les mander, et moins d’une journée lui avait suffi pour avertir les rois d’Orcanie et de Carmelide, les barons d’Irlande et des Iles lointaines de se trouver à huit ou quinze journées de là, les uns devant Logres, les autres au pied du Montjeu. Artus se rendit à Douvres, passa la mer, arriva à Barfleur et tendit ses pavillons le long du rivage.

Le lendemain, ils venaient de lever le camp et continuaient leur marche, quand la nouvelle se répandit d’un géant venu d’Espagne, terreur du pays qu’il avait rendu désert. Tous les habitants, hommes et femmes, s’étaient dispersés çà et là comme troupeaux égarés, pour échapper à sa rage affamée. Il avait transporté une gentille demoiselle, nièce du comte Hoel de Nantes, dans son repaire, au sommet d’une grande montagne que les flots de la mer enserraient deux fois par jour, et qu’on a nommé le Mont Saint-Michel depuis qu’une chapelle