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MERLIN HARPEUR.

Le seigneur Dieu vous a privé de la vue ; comment conduiriez-vous la bannière qui doit être le point de ralliement de notre armée ? — Mon seigneur, Dieu est le vrai guide : il m’a déjà tiré de grands périls, il saura bien ici me conduire. » Ces paroles émerveillèrent les barons, le roi Ban regarda le harpeur avec plus d’attention et la pensée lui vint que c’était Merlin. Ne l’avait-il pas vu dans le château des Mares, sous la figure d’un jouvenceau de quinze ans ? — « Sire, » dit-il au roi Artus, « accordez-lui ce qu’il demande : il ne semble pas homme à qui on doive répondre par un refus. — Mais comment, à votre avis, sera-t-il de mon honneur de confier notre bannière à cet enfant aveugle ? » Il n’avait pas achevé que, regardant autour de lui, il ne vit plus le harpeur ; il avait disparu. Artus alors se souvint de Merlin et se repentit d’avoir mal accueilli sa requête. « Le chien qui le conduisait, » dit-il, « m’a empêché de le reconnaître ; mais je ne devais pas oublier qu’il aimait à se déguiser.

Alors entra dans la salle un petit enfant qui pouvait avoir huit ans ; les cheveux entremêlés, les jambes nues et sur ses épaules une massue. « Sire, » dit-il au roi Artus, « il faut vous préparer à livrer bataille au roi Rion ; je demande à porter votre bannière. » Chacun