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NAISSANCE.

ment qu’il vous conviendra. » Les juges accordèrent ce que demandait le prud’homme. On conduisit la demoiselle dans une tour dont toutes les portes furent murées : deux matrones des plus sages furent enfermées avec elle. De la fenêtre pratiquée au haut de la tour descendait une corde à l’aide de laquelle on leur montait tout ce qui leur était nécessaire. En prenant congé, le prud’homme dit à la demoiselle d’avoir soin de faire baptiser l’enfant aussitôt sa naissance, puis de lui faire donner avis du jour où elle serait appelée devant les juges.

Le terme arrivé, elle mit au monde un fils qui semblait devoir appartenir au démon qui l’avait engendré mais, comme la jeune fille n’avait pas subi volontairement l’odieuse étreinte, Dieu, qui nous a tous rachetés et qui connaît nos vraies pensées, ne souffrit pas que l’enfant fût entièrement acquis à l’Ennemi. Seulement, pour demeurer juste, même envers le démon, Dieu permit que Merlin eut comme son père la connaissance de toutes les choses passées ; puis, afin de rétablir la balance entre le ciel et l’enfer, Dieu joignit à la science que l’enfant recevrait de son père celle de l’avenir que Dieu lui accorderait. Ainsi pourra-t-il choisir librement entre ce qu’il tiendrait de l’enfer et ce qu’il tiendrait du ciel.

En telles conditions naquit Merlin. À son