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LES CHEVALIERS DE LA TABLE RONDE.

attache la bride de son cheval au bois de sa lance fichée en terre, tandis que le coursier d’Agravadain s’enfuit à travers bois. Le combat recommence entre eux, rude et violent. Sagremor gardant toujours l’avantage : « Chevalier, » dit-il, « rendez-vous, ou vous êtes mort. — J’en suis bien loin. — Plus près que vous ne pensez. — Vous savez menacer, mais vous ne savez pas effrayer. – C’est la coutume des fous de ne pas voir le danger, quand ils pourraient le prévenir. » Et ils continuèrent, l’un à frapper, l’autre à parer les coups de son mieux.

Manoval et Sinoronde avaient en même temps attaqué Galeschin et Dodinel, et n’avaient pas été moins rudement reçus. Ils vidèrent les arçons, se relevèrent et poursuivirent, comme Agravadain, le combat avec l’épée. Après une heure de résistance, ils cédèrent du terrain et reculèrent, toujours en refusant d’avouer leur défaite. « Rendez-vous, chevaliers, » criaient les autres. « Non, non ! nous aimons mieux mourir. — À leur aise ! » dit Sagremor, en frappant le heaume d’Agravadain d’un coup qui ouvrit la coiffe du haubert et pénétra dans le haut du crâne. Galeschin et Dodinel tenaient de leur côté les deux autres chevaliers sous leurs genoux, et, délaçant heaumes et coiffes, se disposaient à leur trancher la tête, quand sur-