Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 2.djvu/303

Cette page a été validée par deux contributeurs.
296
LE ROI ARTUS.

ler, demandèrent à savoir, avant de répondre, ce que le roi Loth en pensait. « Je pense que c’est la meilleure offre qu’on puisse vous faire. Je ne parle pas comme pourrait le faire un vassal d’Artus, mais dans la pensée de tous les maux que la guerre nous a déjà causés et nous doit causer encore. Sans nos divisions, les Saisnes ne seraient pas entrés en Bretagne, nos péchés seuls les y ont maintenus. — Comment ! » dit alors le roi Urien, « auriez-vous déjà fait hommage à Artus ? — Oui. — En cela, vous n’avez pas loyalement agi ; car, si nous jugions à propos de continuer la guerre, vous estimeriez que nous sommes contre vous aussi bien que contre Artus, et telle ne serait pas notre intention. — Il est vrai, » reprit le roi Loth, « que je serai désormais l’ennemi des ennemis du roi Artus. — Cela n’est pas d’un prince loyal ; vous avez juré d’être avec nous, vous ne pouvez être à d’autres. — Seigneurs, » dit le roi Loth, « il m’en a pesé de m’accorder au roi Artus. Le jour même où je pensais lui causer le plus d’ennuis, Gauvain, mon fils, après m’avoir abattu, ne m’accorda la vie qu’à la condition de faire ma paix avec Artus. — Ainsi, » dirent-ils tous ensemble, « vous avez été contraint ; plût à Dieu qu’il nous en fût autant arrivé ! »