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LE ROI ARTUS.

contenance. « Si, » disaient-elles, « Sagremor est beau de corps et de membres, il est encore plus beau de force et de cœur. Heureuse qui l’aura pour ami ! bien peu serait courtoise et sage celle qui lui refuserait quelque chose. » Girflet, Galesconde et messire Yvain avaient aussi leur part de louanges. De leur côté les compagnons de la Table ronde faisaient bonne défense ; mais comment maintenir le camp contre messire Gauvain ? comment songer à l’arrêter ? Il abattait devant lui chevaux et chevaliers, il faisait sauter les heaumes, écartelait les écus, refoulait enfin la troupe ennemie jusqu’au bord de la rivière, en laissant dix prisonniers pouvoir des chevaliers de la Reine. Girflet, Sagremor et Agravain les envoyèrent à Genièvre, au nom de monseigneur Gauvain, leur capitaine. La reine les reçut à grande joie, leur distribua de ses joyaux, et les invita à prendre place aux fenêtres afin de voir la suite du tournoi.

Les deux compagnies n’avaient encore contrevenu aux conventions du tournoi qu’en appelant tour à tour des auxiliaires inattendus : mais, quand ceux de la Table ronde virent la journée perdue, ils ne gardèrent plus de mesure, et plusieurs d’entre eux, laissant les armes courtoises pour les glaives forts et tranchants, revinrent lances sur feutre, et frappèrent aussi