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TOURNOI DE LOGRES.

de la Table ronde à lâcher pied, laissant étendus dans la plaine un assez grand nombre des leurs. Mais ils revinrent bientôt avec sept cents nouveaux chevaliers reprendre l’offensive : les autres, accablés par le nombre, eurent beau résister de leur mieux, il leur fallut faire retraite, au milieu de tels cris qu’on n’eût pas alors entendu Dieu tonner.

Jusque-là, Gauvain, Yvain et Sagremor s’étaient contentés de regarder les combattants ; quand ils virent les chevaliers de la Reine perdre le terrain : « Par ma foi, beau cousin, » dit Yvain, « nous tardons trop ; ne voyez-vous que les nôtres sont repoussés ? — Honni le chevalier, » dit Sagremor, « qui ne leur portera secours ! Parler sans agir vaut moins qu’un bouton. — Suivez-moi donc, » dit Gauvain. Ils brochent des éperons, fondent au milieu des deux bandes, comme éperviers sur perdrix ; de leurs glaives roidement tendus, ils portent à terre les quatre premiers qu’ils rencontrent : à de tels coups, ceux de la Table ronde devinent leurs noms. Bientôt tous les chevaliers de la Reine sont ralliés autour de Gauvain ; du haut des fenêtres, les dames admiraient leur

    c’est une double variante d’un récit plus ancien. Gauvain ne dut porter aide aux chevaliers de la Reine qu’après avoir vu les chevaliers de la Table ronde violer les conventions en s’armant d’armes à outrance.