Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 2.djvu/262

Cette page a été validée par deux contributeurs.
255
TOURNOI DE LOGRES.

Quand les nappes furent levées, Keu le sénéchal s’écria : « Que faisons-nous ici ? la fête passera-t-elle sans tournoi ? — « Honni, » dit Sagremor, « qui refuseroit d’y paraître ! » Tous aussitôt de courir aux armes courtoises. « Mais, » demanda Gauvain, « comment entendez-vous tournoyer ? — Nous jouterons, » dit Minoras, « contre les chevaliers de la reine Genièvre en nombre égal. — Et combien serez-vous ? — Nous serons, » dit Adragan, « cinq cents. — Nous arriverons donc en même nombre. — Il ne s’agit plus, » dit Sinados, « que de commencer ; car le jour passe. »

Ils furent bientôt sur le pré devant les murs de la ville ; à droite était la rivière, à gauche les fossés creusés devant les murailles. Quand les mille armés furent séparés en deux bandes : « Où sont, » crièrent les hérauts, « les vrais hommes d’armes ? or y paraîtra qui bien y fera ! »

Sinados, du côté de la Table ronde, sortit le premier des rangs ; de l’autre côté, Agravain l’Orgueilleux, frère de Gauvain. Les glaives frappent sur les écus, les trouent, les écartèlent, et volent en pièces. En passant l’un contre l’autre, les deux jouteurs se heurtent avec une telle violence qu’ils tombent en même temps à terre, les chevaux sur le corps. On s’élance des deux côtés pour les secourir, mais