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LA SECONDE GENIÈVRE.

la nouvelle reine n’eut pas plutôt vu les conviés prendre congé des rois qu’elle dit à Genièvre de se déchausser et dévêtir, pour se mettre au lit, et, avant de la coucher, elle la conduisit au jardin pour faire ses nécessités[1]. À peine se trouvèrent-elles au bas du degré que les traîtres parurent, s’emparèrent de la reine et, remettant l’autre Genièvre aux mains de la vieille, transportèrent leur précieuse proie sur le rivage de la mer attenant au palais. Ils se disposaient à la poser évanouie dans la barque qui les attendait ; mais Merlin avait averti Bretel et Ulfin, qui, secrètement armés, se tenaient prêts à déjouer le complot. Ils tombèrent comme la foudre sur les ravisseurs, tuèrent les uns, forcèrent les autres à lâcher prise, si bien qu’après les avoir mis en fuite et jeté la coupable gouvernante du haut des falaises dans la mer, ils ramenèrent Genièvre au palais, où personne ne devina ce soir-là ni le lendemain le danger qu’elle avait couru. Pour la seconde Genièvre, ils la conduisirent à leur hôtel sans dire à qui que ce fût qui elle était et comment elle se trouvait avec eux.

Ce fut encore Merlin qui se chargea d’avertir le roi Leodagan de ce qui venait de se passer. Il le pria d’envoyer trois demoiselles dans

  1. Por pisser. Var. Por faire orine (ms 749, fo 269).