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LE ROI ARTUS.

néchal et Dodinel le Sauvage. Les quatre rois, avec Bretel, Ulfin, Artus et Merlin, montèrent aux fenêtres du palais ; ainsi qu’un grand nombre de dames et demoiselles, pour mieux juger des coups. Gauvain, avant le signal des joutes, s’en alla parler aux deux cent cinquante compagnons de la Table ronde. « Convenons entre nous, » leur dit-il, « de rester tels que nous sommes et de ne remplacer aucun de ceux qui seront pris d’un côté ou de l’autre. » Les chevaliers s’y engagèrent, et les joutes commencèrent par Adragant le Brun contre Dodinel le Sauvage. Ils brisent leurs lances, et telle est la violence de la rencontre qu’ils vident en même temps les arçons. On accourt des deux côtés pour les remonter, la mêlée devient générale. Ce ne fut plus dans la plaine qu’un bruit immense de glaives et d’épées frappant les heaumes et les hauberts. Au milieu de la confusion, Gauvain rencontre Nascien ; ils s’écartent quelque peu avant de commencer une lutte acharnée. Mais, quelle que fût l’adresse, la valeur de Nascien, il ne put résister à Gauvain, qui, lui arrachant violemment le heaume, lui cria de se rendre prisonnier. – « Jamais homme ne me fera prononcer un si vilain mot ! » Et d’un suprême effort il atteint encore Gauvain, dont l’écu reste écartelé. Gauvain le frappe une seconde fois, lui arrache la coiffe