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MERLIN À ROME.

personne, il doit en savoir le sens. – Assurément, » répond l’empereur, « et je le prie instamment de nous le dire.

« Vous saurez, » reprend l’homme sauvage, que la grande truie, c’est madame l’emperière ici présente. Les longues soies sont la longue robe qui lui traîne jusqu’à terre. Le cercle d’or de la truie est la couronne d’or dont vous l’avez couronnée. Maintenant je consens à ne rien dire de plus. – Non, » fait l’empereur, « vous ne devez rien me cacher. — Je parlerai donc. Les louveaux qui dans votre songe approchaient de la truie, sont les douze filles de l’emperière. Ces filles ne sont pas des filles, mais de beaux garçons ; faites-les dévêtir, vous en aurez la preuve. Apprenez que vous ne passiez jamais la nuit hors de la ville, sans que l’emperière ne les appelât et ne fît avec eux partage de votre lit. »

Rien ne peut se comparer à l’étonnement douloureux de l’empereur en écoutant ces paroles. « Nous allons voir, » dit-il, « si tout cela est vrai. Grisandole, faites quitter leurs habits à ces demoiselles. » Le sénéchal obéit, et toute l’assemblée put juger que les douze filles étaient aussi bien formées de tous leurs membres que peuvent l’être les plus beaux hommes. L’emperière, ne trouvant pas un mot