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LE ROI ARTUS.

lui-même. L’écuyer interrogé protesta qu’il voudrait être sous terre, et qu’en frappant son seigneur il avait cédé à une force invincible que l’homme sauvage pouvait seul expliquer. « Apprenez-nous au moins, » dit Grisandole à ce dernier, « pourquoi vous avez ri chaque fois que l’écuyer allait frapper son seigneur. « — Figure trop décevante et dangereuse, piquante comme alène, miroir de mensonge ; créature par laquelle sont détruits villes, bourgs et châteaux, et sont exterminés les plus grands peuples ; hameçon à prendre les puissants ; filet dangereux pour les oiseaux ; rasoir plus tranchant, plus affilé que le glaive ; source turbulente qui jaillis toujours, ne s’épuises jamais ; tais-toi, je ne parlerai que devant l’empereur. »

Grisandole n’essaya plus de le faire parler. Ils arrivèrent donc à Rome sans autre accident et reçurent de l’empereur le bon accueil qu’on peut imaginer. « Je remets entre vos mains, » lui dit Grisandole, « l’homme sauvage que nous avons eu grand’peine à découvrir ; à vous maintenant, sire de faire qu’il ne vous échappe. — Il n’est, » dit le Sauvage, « aucun besoin de chaînes ou de liens pour me retenir ; j’attendrai pour m’éloigner le congé de l’empereur. Mais, » dit Julius, « quel garant aurai-je de ta sincérité ? — Ma chrétienté. —