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MERLIN À ROME.

tèrent sous un grand chêne, dans un endroit écarté : ils allumèrent du feu, dressèrent une table, y posèrent le pain, le lait, le miel, et chargèrent le garçon de tenir le bacon devant les charbons. Cela fait, ils se tapirent derrière un buisson. Bientôt ils entendent le bruit de l’homme sauvage : il approche, portant une massue dont il frappait çà et là les arbres sur son passage ; ses pieds étaient nus, ses cheveux hérissés, son visage barbu, sa cotte déchirée. Le garçon, le voyant approcher, eut grande peine à demeurer en place : pour l’homme sauvage, il se mit à chauffer ses membres, puis ouvrit la bouche comme tourmenté de grande faim. Il regarde le bacon, jette les yeux sur la nappe, sur le lait, le miel et le pain, arrache la chair salée des mains du garçon, la dépèce, la trempe dans le lait, dans le miel et la dévore avidement. Le jambon englouti, il prend le pain chaud, le mange, boit le lait et achève son repas avec les restes du pain trempé dans le miel. Alors, le ventre gonflé, il s’étend devant le feu et s’endort.

Grisandole n’avait perdu aucun de ses mouvements ; il sortit de sa retraite, et avec ses compagnons approcha le plus doucement du monde de l’homme sauvage. Ils s’emparèrent de la massue avant de se jeter sur lui ; ils attachèrent l’homme en lui passant une chaîne de fer