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MERLIN À ROME.

chiens. Chacun en le voyant, bourgeois, écuyers, femmes et enfants, s’étaient mis à le poursuivre, armés de glaives, de cognées, de bâtons ou de pieux. Il franchit les portes du palais ; les sergents de table qui s’étaient mis aux fenêtres ont à peine le temps de se ranger pour ne pas en être heurtés. Il arrive aux tables, dresse les pieds, renverse le vin et les viandes, les écuelles et les pots, puis s’agenouillant devant l’empereur : « À quoi pense, » dit-il, « le roi Julius de Rome ? Il voudrait bien savoir ce que sa vision signifie, mais elle ne sera expliquée que par l’homme sauvage. » Cela dit, comme on avait fermé les portes derrière lui, il fait un charme secret, les portes s’ouvrent et lui font passage : la chasse recommence sur lui : il n’en franchit pas moins les murs de Rome pour se perdre dans la campagne, sans que personne puisse dire ce qu’il est devenu.

On le devine déjà, le grand cerf n’était autre que Merlin. L’empereur, quand ses gens revinrent sans dire quel chemin l’animal avait pris, témoigna d’un chagrin extrême. Il fit crier par toutes les terres de Romanie que celui qui pourrait prendre et amener le cerf ou l’homme sauvage deviendrait l’époux de sa fille unique, et recevrait en dot la moitié de son empire. Qu’on juge de l’ardeur avec laquelle tous les barons de Remanie se mirent en quête du