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{LE ROI ARTUS.

Morgan la bonne clergesse. Ils trouvèrent le palais tendu de draps de soie, jonché d’herbes fraîches et odorantes. Le jour et la nuit suivante se passèrent en fêtes joyeuses ; puis Artus avertit les enfants de se rendre à la maître-église pour y veiller jusqu’au lendemain. Quand vint l’heure de la messe, le roi prit sa bonne épée Escalibur et la ceignit au côté de Gauvenet ; il lui chaussa l’éperon droit, pendant que le roi Ban attachait le senestre. La colée fut donnée par Artus : « Chevalier, lui dit-il, Dieu te fasse prud’homme ! » Après, il les adouba tous et leur distribua les bonnes épées qu’il avait trouvées au trésor, à l’exception de Sagremor qui voulut employer les armes qu’il avait apportées de Constantinople, et de Dodinel le Sauvage, qui reçut du roi Bohor l’épée nouvellement conquise sur le roi Amant, oncle de l’enfant. Mais, en raison du deuil que causaient dans le pays le voisinage et les ravages des Saisnes, le roi ne permit pas aux chevaliers nouveaux de dresser une quintaine dans la plaine. Tous ses soins se portèrent sur les hommes d’armes qui, de tous côtés, venaient lui demander des soudées pour la prochaine campagne de Gaule. Le soin de les retenir, de les dresser, de leur assigner une place dans chaque bataillon fut confié au connétable Gauvain qui, à partir de ce jour, eut sur l’armée d’Artus la