Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 2.djvu/21

Cette page a été validée par deux contributeurs.
15
LA FAMILLE DU PRUD’HOMME.

vous trouverez aisément un prud’homme qui vous épousera pour votre beauté. »

La pauvre fille suivit ce conseil ; elle s’en alla du logis de sa sœur, et abandonna son corps aux hommes.

Grande fut la douleur de la sœur aînée en la voyant s’éloigner d’elle pour mener une pareille vie. Elle alla au prud’homme qui les avait si bien conseillées, et lui raconta en pleurant comment sa sœur l’avait quittée pour suivre une vie de femme abandonnée. « Signez-vous, ma fille, » lui dit le prud’homme ; «  le démon est encore à votre piste, il ne sera content qu’après vous avoir également abusée. Dieu peut vous garder de lui, si vous suivez mes enseignements. – Ah ! » dit-elle, « j’écouterai tout ce que vous me direz, car j’ai grand’peur de ne pas être assez forte pour me défendre seule. — Vous croyez, n’est-ce pas, au Père, au Fils et au Saint-Esprit : que ces trois vertus sont une même chose en Dieu, et que Notre-Seigneur vint en terre pour sauver ceux qui voudront recevoir le baptême et obéir à sainte Église ? — Oui, tout cela, je le crois. — Alors, » reprit le prud’homme, « le démon ne vous trompera pas : gardez-vous seulement de céder à la colère ; la colère est la passion qui sert le mieux la cause de l’Ennemi. Quand vous aurez sujet de tristesse,