Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 2.djvu/201

Cette page a été validée par deux contributeurs.
194
LE ROI ARTUS.

complétement la prophétie racontée par le roi Rion.)

Il faut encore signaler dans le bulletin de cette bataille, dont je n’ose rappeler tous les détails, le touchant épisode de la réconciliation de Leodagan avec son preux sénéchal Cleodalis. On se souvient des justes motifs de ressentiment de Cleodalis contre le roi de Carmelide, qui retenait la sénéchale enfermée dans une tour, pour lui ôter les moyens de voir son mari. Cleodalis, résistant aux sollicitations de ses parents, avait résolu de remplir fidèlement ses devoirs de vassal et de sénéchal, tant que durerait la guerre. Loin de penser à trahir Leodagan, il n’avait pas cessé de veiller sur ses jours pendant la bataille. Il l’avait vu s’engager imprudemment à la poursuite de quelques Saisnes, jusqu’au milieu d’une forêt ; là bientôt, éloigné des siens, le roi avait été surpris et entouré par de nouveaux ennemis. Il venait d’être désarçonné, quand Cleodalis parut, offrit au roi son cheval et l’aida à remonter : « Hâtez-vous de fuir, Sire, » dit-il, « vous n’avez aucun autre moyen de salut : je vais demeurer pour vous faire rempart. » Leodagan sentit les pleurs inonder son visage, en entendant parler ainsi celui qu’il avait mortellement offensé. Il monta, mais ne voulut pas abandonner Cleodalis, et tous deux, appuyés contre