Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 2.djvu/185

Cette page a été validée par deux contributeurs.
179
VIVIANE.

maître vous allez cherchant, et ce qu’on peut vous apprendre encore. »

Quand les jeunes chevaliers cessèrent de behourder, ils reprirent les dames et demoiselles par la main, et les conduisirent en dansant vers la forêt d’où ils étaient sortis et où bientôt ils se perdirent. Le beau verger demeura seul, à la prière de Viviane, et reçut d’elle le nom de Repaire de joie et liesse.

« Damoiselle, » dit ensuite Merlin, « je vais prendre congé de vous ; j’ai loin d’ici beaucoup à faire. — Quoi ? répond Viviane, « ne m’apprendrez-vous aucun de vos jeux ? — J’y songerai plus tard, mais cela demande grand loisir et long séjour. D’ailleurs vous ne m’avez encore donné aucune preuve de l’amour promis. — Quel gage souhaitez-vous donc ? Je suis prête à vous l’accorder. — Je veux, » dit Merlin, « que votre amour soit entier, et que vous n’ayez rien à me refuser de ce que je demanderai. » Viviane pensa un peu, puis répondit : « Je m’y accorde, mais seulement à partir du jour où vous m’aurez appris tous les jeux que je voudrai savoir. » Merlin dit : « Je me soumets à cette condition. »

Alors il lui enseigna un jeu dont elle usa depuis fréquemment. Ce fut de faire jaillir une grande rivière dans tous les lieux qu’il lui plaisait de désigner. Merlin lui apprit encore d’au-