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LE ROI ARTUS.

essaye vainement d’entendre ce que disent les chanteurs et ne distingue que ces mots du refrain :

Voirement comence amor
En joie, et fenist en dolor.

La fête dura de midi jusqu’au déclin du jour. Les danses finies, dames et pucelles s’assirent sur l’herbe, une quintaine fut dressée au milieu du nouveau verger, les jeunes damoiseaux prirent leurs écus, leurs lances, et behourdèrent jusqu’au moment où le coucher du soleil devint le signal de la retraite.

« Eh bien, demoiselle, » disait cependant Merlin à Viviane, en la prenant par la main, « que vous semble de cela ? — Ah ! beau doux ami, je suis toute à vous. — Ainsi, vous tiendrez nos conventions ? — Assurément, » répond-elle. « Mais, » dit Merlin, « vous avez été mise aux lettres, je pourrai vous apprendre plus de secrets que n’en sut jamais autre dame. — Comment savez-vous que je fus mise aux lettres ? — Parce que mon maître ne me laisse rien ignorer de ce qu’on fait. — Voilà, » dit Viviane, « de tous vos jeux le plus désirable. Et de ce qui doit arriver, savez-vous quelque chose ? — Oui, dame, beaucoup de choses. — S’il en est ainsi, je ne vois pas quel