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LE ROI ARTUS.

plus quand, devant la porte et à l’entrée du pont, vous avez tué celui qui avait une seconde fois abattu mon père, et quand, pour le remonter, vous vous êtes mis en aventure de mort. Sans vous il ne serait pas rentré dans Caroaise. »

Ainsi parle Genièvre : le roi Artus se tait, mais il prend la coupe, la vide et invite la demoiselle à s’asseoir. Trop longtemps déjà était-elle restée à genoux. Leodagan, son père, s’approcha pour le lui défendre. Quand les nappes furent ôtées : « Sire, » dit le roi Ban au roi de Carmelide, « je m’émerveille de ce que vous que, l’on tient si sage homme, vous n’ayez pas encore marié votre fille, belle et sage comme elle est, à quelque baron de haut parage qui vous aiderait à maintenir la guerre et garder vos domaines. Car il me semble que vous n’avez pas d’autre enfant, et vous devez songer à ce que deviendra cette terre après votre mort. — Sire, » répondit Leodagan, « la guerre que me fait Rion depuis sept ans ne m’a pas laissé les moyens d’y songer. Mais je puis dire que, si je savais un simple bachelier, preux aux armes, qui put m’aider à soutenir le poids de cette guerre, je lui donnerais volontiers ma fille s’il la voulait prendre, et avec elle mon héritage : je n’aurais en cela égard ni à la hauteur du lignage, ni à la ri-