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SAGREMOR.

la souveraine influence sur leurs résolutions. Il est vrai qu’elles sont les sœurs d’Artus, quand même un secret lien plus puissant ne les attache pas à lui. Mais il n’en faut pas moins reconnaître la part d’influence que les femmes avaient alors dans leur maison et sur leurs enfants. Quant à l’histoire du sénéchal du roi Urien et de la mère d’Yvonet l’avoutre, c’est apparemment une sorte de variante du lai primitif qui sera bientôt développé, en faveur de la sénéchale de Carmelide et de sa fille, la seconde Genievre.

Un autre jouvenceau destiné à d’aussi grandes aventures se mettait dans le même temps en chemin pour obtenir d’Artus l’adoubement de chevalerie. C’était l’héritier de l’empire de Constantinople, le petit-fils de l’empereur Adrian, dont il devait recueillir le grand héritage. Adrian n’avait eu que deux filles : l’une, épouse du roi Brangore, l’autre, veuve d’un roi de Hongrie et de Valachie, qui lui avait laissé un fils d’excellente beauté et de grand cœur. Sagremor, ainsi l’appelait-on, ayant entendu parler de l’avénement, de l’élection et des premières victoires d’Artus, s’était dit que, si un tel prince lui donnait ses armes, il le rendrait nécessairement plus preux, plus loyal et plus hardi. Dès lors, sourd à toutes les instances de son aïeul, l’empereur Adrian, il avait dé-