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GAUVAIN.

dans la forêt de Bredigan[1], où il viendra de son côté pour lui parler d’une importante affaire.

Vous savez aussi déjà que le roi Loth avait quatre fils, sans compter Mordret, dont le véritable père vous est également connu. Ces quatre fils, on les nommait Gauvain, Agravain, Guirre et Gaheriet. Un jour revenait de la chasse le jeune Gauvenet, vêtu d’une robe de fort bureau, telle qu’écuyer pouvait la porter en hiver : il conduisait en laisse deux levriers et était suivi de deux brachets. Gauvenet était beau et de haute taille. Écoutez le don qu’il avait reçu en naissant : il se levait un des bons chevaliers du monde ; à six heures sa force doublait, elle quadruplait à neuf heures ; quand sonnait midi, il revenait tel qu’il s’était levé, pour voir ses forces doubler à nones, et redoubler à vêpres, jusqu’au milieu de la nuit. Telle était la nature de Gauvenet.

Sa mère était assise près d’une cheminée devant un grand feu : elle songeait tristement aux barons qui refusaient de reconnaître le roi Artus, à l’invasion des Saisnes, au danger que la terre de Bretagne courait d’être à jamais

  1. Le manuscrit 747, fo 107 vo, écrit Broceliande ; c’est peut-être une erreur, ou plutôt une suite de la confusion des traditions gallo-bretonnes et armorico-bretonnes.