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LE ROI ARTUS.

nyme ou plutôt les assembleurs en parlent avec un embarras marqué. Ils font dire à Merlin que « les chevaliers de la Table ronde établie par Uter-Pendragon sont allés offrir leurs services au roi Leodagan de Carmelide, et qu’ils se sont éloignés à cause de la grande déloyauté qu’ils virent régner en ce royaume de Logres. » Mais cette phrase ne s’accorde pas avec les récits qui vont suivre : nous y verrons ces chevaliers jalousant les quarante compagnons qu’Artus amène en Carmelide, et finissant par conspirer contre eux. Quel rapport entre cette Table ronde de Leodagan et celle d’Uter-Pendragon ? Comment admettre que la déloyauté des Bretons, dont on ne trouve pas d’ailleurs la trace dans les récits précédents, ait pu engager les hommes d’Uter à priver la meilleure cause de leur aide ? Il faut supposer ici un raccord maladroitement tenté, afin de sauver la contradiction de trois récits distincts, l’un rapportant la fondation de la Table ronde au règne d’Uter, l’autre groupant les chevaliers de cet ordre autour de Leodagan, enfin le troisième voulant qu’Artus les eût plus tard et le premier institués. Cette façon d’expliquer une pareille confusion se trouve justifiée dans la laisse qui nous raconte le départ d’Artus du royaume de Carmelide : « En sa compagnie fu li rois Bans et li rois Boors ; si i furent li dui cent et