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LA FAMILLE DU PRUD’HOMME.


II.


le prud’homme et sa famille.



Elle était mariée à un homme riche, maître de grandes terres, ayant vaches, brebis et chevaux. Ils avaient trois filles, belles et avenantes, un fils courtois et bien enseigné. L’Ennemi, afin de parvenir à ses fins, suivit aux champs les valets et tua la plupart des bêtes[1]. Quand le maître apprit de ses bergers la nouvelle, il tomba dans une grande tristesse ; et l’Ennemi, sachant qu’il ne pouvait mieux l’attirer à lui qu’en le provoquant à la colère, s’en prit à dix chevaux gras et forts, et les tua dans une seule nuit. Le prud’homme, quand les valets lui ra-

    dont elle a été victime, le démon se désole de ne pas savoir mieux qu’auparavant ce qu’elle fait et ce qu’elle médite ; parce qu’il n’a pu souiller son âme en même temps que son corps. Cette théorie psychologique (pardon du mot !) est fort belle ; mais n’aurait-elle pas le défaut de faire remonter jusqu’à Dieu le péché originel ?

  1. Le mot bêtes s’entend particulièrement des moutons. De là le proverbe : Quatre-vingt-dix neuf moutons et… je m’épargne le reste.