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ticles Turpin et Callixte II du Dictionnaire de Bayle, et dans l’Histoire littéraire de la France, les notices de Turpin et de Geoffroi du Vigeois. M. Génin a donc eu le plus grand tort d’avancer que « Guy de Bourgogne mourut avec la satisfaction d’avoir joui pleinement du succès de sa fraude pieuse, en la léguant à la postérité scellée de l’anneau de saint Pierre ». Espérons que l’auteur du texte critique ne mourra pas avec la satisfaction d’avoir joui du succès de son attribution non « pieuse » contre la mémoire de Calixte II.


Chapitre III. — Commencements de la langue française. Ceux qui, par le plus grand des hasards, n’auraient encore rien lu des travaux de Pasquier, Fauchet, du Cange, Dom Rivet, Sainte-Palaye, Barbazan, Roquefort et Francis Wey, pourront trouver ici quelques aperçus nouveaux. Mais on nous saura gré de passer rapidement sur ce fastidieux inventaire de noms de personnes et de lieux dressé sur la table onomastique et topographique d’un volume du Recueil des historiens des Gaules, pour mieux démontrer une vérité jusqu’à présent incontestée : à savoir que, dans la période resserrée entre le serment des fils de Louis le Débonnaire et le règne de Philippe-Auguste, il y avait en France une langue française. Je ne m’arrêterai qu’aux assertions tout à fait inattendues.

Par exemple, M. Génin fait ici remonter la traduction du Livre des Rois et la Chanson de Roncevaux au dixième siècle, à cause d’un canon du concile de Tours qui « prescrivait de mettre les Écritures en langue vulgaire. » Mais le concile de Tours avait recommandé la traduction des homélies, non celle des livres saints. Et pour le manuscrit de la version du Livre des Rois, que M. Génin rapporte au dixième siècle, M. Le Roux de Lincy, bien meilleur juge en pareille matière, l’avait estimé du douzième siècle, et M. de Lincy avait eu parfaitement raison.

Au reste, M. Génin sera de bonne composition. Un peu plus loin, il nous dira que le poëme de Roncevaux devait être déjà fait en 840 (p. lx). Et puis, il emploiera tout le chapitre suivant à démontrer que Théroulde devait l’avoir écrit peu de temps avant la bataille d’Hastings, c’est-à-dire vers le milieu du onzième siècle. En général, M. Génin ne s’embarrasse pas assez de ce qu’il pensera une demi-heure plus tard. C’est un défaut.

Mais pourquoi, dans ce IIIe chapitre, la version du Livre des Rois et le Roncevaux appartiennent-ils au dixième siècle ? Parce,