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HENRY BECQUE


I

L’ARTISTE


Ils sont bien en tout trois ou quatre, sous-critiques à l’encre épaisse, qui se sont commodément établis dans la renommée de M. Henry Becque, y mènent grand tapage, y font montre d’une originalité à bon marché, aux dépens de leur idole. C’est un chœur d’enfants terribles. Ce sont de terribles enfants de chœur. Il faut les voir à l’œuvre, et les entendre à la chapelle s’écrier, en leur langage liturgique : « Becque par-ci ! Becque par-là ! Prenez Becque ! Il n’y a que Becque ! » — avec la fastidieuse régularité des litanies. En toute rencontre, à tout propos ils se retrouvent ; ils ont une opinion facile, dont ils se gardent de changer. — « …Enfin nous avons forcé les portes de la Comédie-Française avec la Parisienne… Quant à la pièce de M. Tel, qu’on y donnait hier, on y chercherait vainement l’observation taillée dans le vif de la vie cruelle, à la manière de Becque, et les tranches de réalité saignante, que Becque seul excelle à servir… » — Savez-vous qu’on finirait par absoudre l’injustice des Athéniens à l’égard d’Aristide, trop souvent dit le Juste ?