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VICTORIEN SARDOU.

ressource. Et ce n’est pas l’esprit qui manque à cette pochade. Il y en a tant (et d’assez gros et bouffon), que les plus farouches convictions seules résistent à cela. Au surplus, M. Sardou a procédé comme à son ordinaire. Il s’est avisé que, les choses prenant un autre cours, à un personnel d’ardélions succède un personnel d’ardélions, le même en grande partie. Les sous-ordre ne changent guère. Et Rabagas ?…

L’auteur a d’abord été frappé de la différence des manières et du costume. « La culotte est un pantalon plus court. » Et de cette remarque il a tiré encore quelques tableaux, brossés de verve, d’une verve un peu épaisse, une Soirée au Palais de Monaco, une Soirée au Café Procope, et mis en scène, pour consoler les uns le souvenir de Compiègne, pour amorcer les autres la légende de l’Estaminet. Et Rabagas ?…

M. Sardou nous a introduits dans les bureaux de la Carmagnole, journal à manchettes et à un sou, le sanctuaire du Progrès, où le nom de Dieu (dont les âmes simples font un fâcheux abus) est passible d’une amende, où s’élaborent les nouvelles à sensation et les entrefilets révolutionnaires, sur un coin de table, la pipe aux lèvres, en bras de chemise. Cela est gai et pas trop méchant. Je regrette seulement qu’il ne nous ait pas ouvert l’accès de la Gazette de Monaco, journal officiel et quotidien de la principauté. Peut-être se cuisine-t-elle en jabots, à points de Malines, dans la correcte tenue de M. de Buffon. Mais tout cela est bénin. D’une réplique Émile Augier en disait plus long et portait un plus rude coup. « Donne-moi la chronique des tribunaux », insinue Giboyer à son directeur. — « Gourmand, va », répond Vernouillet. Et Rabagas ?…

Je vous dis que les égratignures n’intéressent point le muscle. Le prince de Monaco lui-même, qui me semble le plus atteint, n’en a pas trop souffert. Je sais bien, oui, qu’il est un peu niais, ce philanthrope ondoyant, et point heureux dans ses velléités de réformes. Il n’est