doublés de Parisiens corrompus ; si nous reprenions l’histoire d’une baronne qui s’en laisse conter ?… Un capitaine de la garde russe, Wladimir Garischkine[1], est soupçonné d’avoir attiré un homme dans un guet-apens et de l’avoir tué ; si nous reprenions l’histoire de la Haine ?… Ce n’est pas une faillite, mais une liquidation. Pendant l’entr’acte les personnages modifient leur costume, et la pièce de l’an passé, d’il y a deux ans, d’il y a dix ans, reprend le train de son succès.
Desinit in piscem mulier formosa superne.
Cela se termine en queue de poisson, ou de renard[2]. Qu’importe ? L’essentiel est de terminer. M. Alexandre Dumas a écrit qu’un auteur dramatique ne doit prendre la plume qu’à la condition d’avoir son dénoûment, auquel, sous aucun prétexte, il ne peut rien changer. M. Sardou est peut-être le seul qui se soit fait une règle dé cette maxime. Il ne change rien à ses dénoûments ; ses dénoûments ne changent point. Prenez garde que de cette œuvre complexe apparaît ici l’unité caractéristique, qui est déjà celle de sa première pièce célèbre : la lettre, la dramatique lettre, la conclusion des chères petites Pattes de mouche. Ainsi s’achève le spectacle ; à ce stratagème classique aboutit l’effort de l’imagination exténuée ; là s’arrête le mécanisme des combinaisons de la pièce à faire. Entre le premier acte et le dernier, beaucoup plus près de celui-là que de celui-ci, règne la ligne frontière qui sépare l’étude de mœurs du reste, un fossé large et profond, que les personnages franchissent en steeple-chase. « Saute, saute, mais saute donc !… C’est une affaire d’adresse[3]. »