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VICTORIEN SARDOU.

rémonie. Et d’un ! Mais André et Fernande sont en présence, et nous devinons sous leurs paroles que Clotilde s’est toujours trouvée en tiers dans leurs tête-à-tête. Ils sont seuls, pour la première fois. Fernande a des scrupules. Elle comprend, elle devine qu’il ne sait rien de son passé, que Clotilde n’a rien dit, et qu’on l’a trompé… Autre angoisse. Clotilde arrive à temps. Mais Fernande s’entête et veut écrire la vérité à son fiancé. Voici bien un autre embarras. Elle écrit. André revient. La lettre lui est remise. Vengeance manquée ? Cet auteur est fou, et joue avec le danger. — Cet auteur est plein d’esprit et de ressources. — André reçoit la lettre ; impatient et amoureux, il oublie de la lire ; même il la remet à Clotilde, qui la lui escamote, avec promesse de la lui rendre après la cérémonie. Vengeance assurée ? — Non certes, car Pomerol revient aussi, habillé, cravaté, essoufflé. À l’autre ! Les fiancés sont à la mairie. On n’est pas perfide comme cette Clotilde ; on n’est pas agile comme M. Sardou. C’est plus fort que l’Ulysse Polymèchanos. Clotilde a froid aux pieds ; une bûche dans le foyer ! Pomerol n’a pas eu le temps de fumer après son repas ; elle lui permet une cigarette. Et tout justement l’entretien tombe sur Fernande, sa protégée, leur protégée : il passe dans le parterre comme un frisson. Notez que la pendule est bien en vue, sur la cheminée, qu’elle est en scène, qu’elle joue son rôle, que l’aiguille tourne. — Il est le quart. — Nous avons le temps. — Croiriez-vous que Pomerol vient de plaider en Corse une affaire, qui est le pendant de la vengeance de Clotilde, et le plus exact résumé des trois premiers actes du drame ? — C’est à défaillir. Premier acte : Ginevra aime Orio, et lui donne des preuves trop positives. Deuxième acte : l’infidèle Orio s’amourache de Pépa et l’épouse. Troisième acte… — « Vous savez qu’il est la demie. » Il est la demie, Thérèse paraît, annonce que la bénédiction est donnée, et qu’on revient de l’église. L’œuvre de ven-