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XXIII
POSITIVISME ET RÉALISME.

aisément et en tire sa substance. Il ne convient pas de traiter avec le dédain superficiel et inconsciemment poncif de quelques humoristes ce bon sens persévérant et méthodique, qui assure à notre siècle, dans l’écoulement de l’humanité, son lot de gloire fixe et durable. De la science l’esprit bourgeois s’est emparé avec convoitise, y étant tout spécialement apte. Il a eu d’abord un admirable élan vers la richesse et toutes les vertus qui l’acquièrent : patience, activité, industrie, économie, sens précis de la réalité, vue exacte des choses. Il a été premièrement positif d’enthousiasme, et non sans grandeur. Car n’est-il pas grand aussi de dompter la nature et la vie, pour les faire meilleures, au profit de ceux qui nous sont chers, et à qui nous adoucissons le présent et préparons l’avenir ? Et n’est-ce pas encore un austère idéal et une poésie que le travail de l’homme arrachant aux sévices de l’existence et aux atteintes brutales des forces physiques, le bonheur de la famille et les secrètes joies du cœur ? Parce que cette poésie est morale, ne glissons pas dans le ridicule de la méconnaître.

Cependant le pouvoir des faits s’accroît. Un gouvernement de fait s’improvise. Le positivisme se fortifie, s’impose, et s’exaspère. Il se détourne de l’idéal, et s’attache à la logique. La loi et la science prennent sur les esprits une autorité exclusive. Les travaux des savants se traduisent en des paralogismes pseudo-scientifiques, qui envahissent la société et justifient les moins