Page:Parigot - Le Théâtre d’hier, 1893.djvu/33

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XVII
SCRIBE ET LE VAUDEVILLE.

d’abord forcé, est plus sonore et l’esprit plus gros. On rit par hygiène, à coups de fantaisie extravagante ; on rit du bourgeois installé, tranquille et gaillard. On rit de la question d’argent, de l’adultère, du plus heureux des trois, et de tous les dangers sociaux que dénoncent les tréteaux du voisin. Cest le vaudeville inextinguible de Labiche. Il faut avouer qu’il n’est pas modeste. Il nous envahit. Je ne m’associe nullement aux rigueurs de Boileau, et j’aime les Fourberies de Scapin. Mais je serais tout de même fâché que tout le théâtre de Molière se fût enscapiné, et que le Misanthrope eût fait le personnage d’un Géronte de la bastonnade. Déjà dans les dix premiers volumes de Labiche (je ne parle pas de l’édition complémentaire), plus d’une pièce s’est insinuée, dont la lecture est une contrition. Un monsieur qui a brûlé une femme. Un garçon de chez Véry… A quoi bon insister ? Le minimum d’observation en est absent. La gaieté y fuse, mais véritablement trop épaisse et un peu humiliante. Il va sans dire que ce qui tente surtout les successeurs de Labiche, c’est la bouffonnerie du quiproquo, l’abracadabrant des situations et des postures. Après lui, on pouvait croire que tout était dit ; après Gondinet, que les autres venaient trop tard. Pouou ! De tous côtés on voit jaillir et sourdre quiproquos, faits-divers, bévues, doubles-portes, fausses fenêtres, surprises du téléphone et gaietés du divorce. Pour quelques drôleries drues et de belle venue, c’est un renchérissement sur la niaiserie des situations et