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LE THÉATRE D’HIER.

s’alourdit, quand elle y touche. » Ce qui ne veut pas dire qu’il y manque d’esprit ou que son talent l’abandonne : l’homme qui a de l’un et de l’autre, en a partout. Mais jetez-le dans un monde qui n’est pas le sien ; ses qualités ne feront point qu’il n’y soit dépaysé. Il y reste gentleman, mais il n’est plus chez lui : l’habit est trop élégant et la verve trop discrète. Même des Faux ménages ce qui plait le plus n’est sans doute pas ce qui a coûté davantage à l’auteur, mais plutôt ce que dans cette société, où il s’égare, il apporte de lui-même : un parfum d’honnêteté originelle, avec un sens inné de toutes les élégances. En deux ou trois scènes il a prodigué les traits d’une observation instinctive, qui accuse plus de froissements que d’étude. Il en veut à ces compagnies de rencontre, de singer la famille, l’honnêteté, et jusqu’à la distinction. Il ne leur pardonne pas de s’efforcer à la respectabilité, et d’affecter les belles manières. Ces éducations postiches l’assomment, et il en note les moindres travers. Rien que des demi-noms dans ce demi-monde : Mme Ernest, Mme Henri, Mme Armand ; et que de simagrées, de pudibonderies, de réticences vulgaires, de protestations excessives, de démonstrations gauches, et d’équivoques inévitables ! Le général valétudinaire s’y rencontre avec le Monsieur, qui a deux femmes, l’une, qui se meurt, hélas ! et l’autre qui, grâce à Dieu, va fort bien. Ce n’est que papotage, embrassades, politesses, façons entre filles qui n’étaient point nées façonnières.

Venez, Charles. — Madame ! — Oh ! non, pas la seconde. — Non, Madame. — Après vous. — C’est comme dans le monde.


J’avoue que je donnerais sans trop de regret la thèse de la pièce et, avec elle, les tirades sur la rédemption pour la première scène du quatrième acte entre Fernande, qui inaugure son deuil, et Mme Ernest qui la réconforte de son mieux. Mais le mal est irréparable.