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VIII
INTRODUCTION.

dans cette fournaise dramatique, dont il convient de louer le labeur, mais où trop souvent sur l’enclume sonore se forge et se tenaille le scandale chauffé à blanc, on n’adore aucun dieu, on ne reconnaît aucune loi, on peine d’ahan, avec confiance, dans l’anarchie. Plusieurs talents s’y sont révélés, qui grandiront ailleurs, sous le bénéfice d’une autre discipline artistique. Car on y « fait du théâtre », ainsi que jadis on faisait des fables, un peu tout le monde, chacun à sa façon et sans façon, au hasard de la fourchette.

Les critiques instruits et compétents sont fort en peine : ils épient l’occasion d’encourager, et le plus souvent hésitent ou se désespèrent. Ils accueillent l’effort, surveillent le symbole, guettent les révélations exotiques : sur quoi ils se rabattent pour se consoler du reste.

Cependant les ardélions de l’anarchie clament et entretiennent un tel tapage, que le public ahuri ne s’y reconnaît plus, n’entend plus ses guides, ne sait plus ce qu’il veut, ne veut point ce qu’on lui impose. Étourdi de cette bruyante confusion, il prend son plaisir où il le trouve, sans équivoquer sur la qualité, s’empresse au plus béotien vaudeville, se conjouit aux insanités de la chansonnette. S’il ne réclame plus les ours et les gladiateurs, c’est qu’il se plait mieux aux matchs de la vélocipédie.

Et puis, on se lamente sur ce goût si français du théâtre, qui se perd, quand c’est le goût tout court qui