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LE THÉATRE D’HIER.

de Thérèse, et encore offert inutilement la rédemption d’une vie réparatrice à cette Célimène de tripot, qui a la peur du désert nu, qui ne serait pas tendu de soie, et quitte le domicile conjugal pour distraire son dépit dans un théâtre du boulevard. Il en mourra, sans avoir le courage de la maudire, à quoi bon ? avec une vague conscience intérieure, que cette femme si coupable est pourtant une malheureuse, une dupe scélérate de la vie à rebours. Il en mourra, emportant dans la tombe le secret de son âme désemparée, le désarroi de sa vieille morale courageuse et simple, et comme une crainte effarée que cette misérable n’ait dit vrai : « Quand on n’est pas riche, on ne se marie pas ! »

Tout à l’heure, en présence des obstacles dont la société moderne a obstrué le seuil de la famille, la raison indécise entre les attristantes maximes de l’expérience et l’enthousiasme inconsidéré de la jeunesse, s’est un instant troublée. « Qui a tort ? Qui a raison ? » Mais devant les déplorables conséquences d’une union si noblement formée, et déchirée si brutalement, le cœur épouvanté ne se demande même plus à qui la faute. L’exemple de Séraphine suffit à nous instruire…


V

L’ARGENT.


Au centre de Paris, sur une place à la fois retirée et passante, au milieu d’une enceinte que protège une haie de fer, s’élève un monument de style composite, qui a la majesté solennelle et glacée d’un temple. Et, en effet, c’est un temple. À des heures invariables, la foule des fidèles y accourt empressée, fiévreuse. À la hâte dont elle gravit les degrés, on devine que là se célèbre une