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L’INFLUENCE D’ALEXANDRE DUMAS.

rapproche d’Antony, d’Angèle, de Monte-Cristo, du Comte Hermann. Il y songe (voir surtout la Princesse de Bagdad), et il y fait songer (Monsieur Alphonse, Denise, la Princesse de Bagdad, la Femme de Claude, l’Étrangère). La frénésie héréditaire remonte en lui comme une poussée de sève. Il vise le symbole, comme autrefois l’auteur de Charles VII et du Comte Hermann. Il s’entretient avec Dieu, il met la Grâce à l’épreuve, il se substitue à la Providence, suivant l’exemple de Monte-Cristo. Pour l’amour de la femme, il tente de réconcilier la science et la foi (les Idées de Madame Aubray), il objective sur la scène l’obscur problème de l’hérédité (la Princesse de Bagdad). Il s’élance « dans le royaume du rêve », — à corps perdu. À proportion que sa pensée s’idéalise, les passions sont plus fortes. Il justifie le mot de Pascal et rejoint sur ce point le théâtre de son père.

Et voici de nouveau les fureurs et les désirs aux prises avec le monde et la loi. Une femme dit : « Quant aux lois, qu’ont établies les hommes, elles m’ont déjà fait assez souffrir pour que je ne me soucie plus d’elles. » Les moyens même dont Dumas fils se sert pour mettre en œuvre ces révoltes, ne sont pas très différents de ceux employés en 1830. Extases, prières, desseins ténébreux, sévices, portes ou fenêtres enfoncées, vol de papiers, coups de fusil, la technique de Richard Darlington revit dans la Femme de Claude. Et le cynisme symbolique de Fritz Sturler (le Comte Hermann) s’exaspère dans la bête de l’Apocalypse (la Femme de Claude). Vaillance dans l’action, vigueur dans l’exécution, intrépidité dans la