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L’homme, aux prises avec la Nature qu’il s’acharne à dompter, n’a pas eu le temps de songer à la beauté des choses. Pour se garer des feux de forêts, il a fait le désert autour de lui. Sans relâche, il a abattu les trembles, les bouleaux, les épinettes et les sapins, aucun ne trouvant grâce devant sa hache.

Des souches entassées, entremêlant leurs racines, apparaissent, çà et là, comme des monceaux de cadavres, empilées pêle-mêle.

Plus loin, un chicot calciné dresse son torse noirci et nu où, parfois, des branches dépouillées se tordent, dans le vent, comme des bras fantastiques.

Les maisons se ressemblent toutes, sans histoire, sans poésie, sauf le souvenir d’un labeur ardu, de sacrifices obscurs, d’efforts, de privations.

L’église est pauvre, elle aussi. Son clocher domine à peine les alentours. Une seule cloche s’y abrite qui annonce de la même voix dolente et grêle, les mariages, les baptêmes et les services.