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tié, capable d’anéantir des fortunes, des vies entières, ne reculant devant aucun moyen, même s’il était criminel, pour assouvir sa passion immodérément âpre du gain.

En un éclair, il reconstitua la machination : l’abandon du puits No 1, l’exploitation dirigée, concentrée en un endroit improductif et stérile, les mineurs soudoyés pour créer l’impression que la faillite était imminente, la panique, le sauve qui peut des petits actionnaires s’efforçant d’arracher à la ruine totale une parcelle de leur mise.

C’était Julien Boily, l’auteur de cette accumulation de ruines. Et il en souriait, satisfait de lui-même et du coup magistralement monté.

Il passait la tête haute, jouissant de la considération publique.

On le vantait : on l’enviait.

Il réussissait ; il était riche.

Dès qu’il fut dans la rue, les journaux du soir étaient en vente. Au coin de la rue Saint-Jacques et Saint-Laurent, la foule des chercheurs d’emploi, le dos appuyé à la pierre des bâtisses, scrutaient avec avidité la page des petites annonces.

À intervalles, on en voyait mettre le journal