Page:Paquin - Le paria, 1933.djvu/146

Cette page a été validée par deux contributeurs.

des coudes, avironnait vers la région merveilleuse qui recèle dans son sein des réserves inépuisables d’or.

Depuis six mois il s’est fait prospecteur.

À force d’entendre raconter dans les hôtels ou les maisons de pension les découvertes extraordinaires de tel ou tel chercheur d’or, il a adopté cette carrière.

Elle coïncide avec ses goûts. Pas de maîtres à servir ; pas de conventions à observer. Pour horizon, l’immensité, les bois, les lacs, les rivières.

Dans un guide pratique, il s’est initié aux secrets de la géologie. Il connaît les notions élémentaires indispensables et un peu plus. Il sait distinguer le shiste, le porphyre, la serpentine, le quartz. Il sait différencer la pyrite de fer ou de cuivre — que d’aucuns appellent « the fools gold », de l’or véritable.

Et puis que lui importe que ses recherches soient couronnées de succès ?

Sa chère solitude ne sera pas profanée ; il n’aura plus devant les yeux le spectacle des hommes qu’il déteste.

Et cela, déjà, c’est beaucoup. C’est un résultat ; c’est un succès.