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pris ouvertement la défense d’un homme à qui le liaient des attaches de reconnaissance.

Mariette pleurait sa lâcheté. D’être sorti victorieux de l’épreuve, Jacques, celui qu’elle appelait son Jacques, lui apparaissait grandi.

D’avoir été refoulé, comprimé, son amour éclatait plus ardent, plus fort.

À chaque minute, la tentation s’emparait d’elle, de monter les marches de l’escalier, de frapper à la porte, de quêter le pardon qu’elle ne méritait pas.

À mesure que son père parlait, la tentation se précisa ; elle devint résolution.

Ramassant son courage, elle quitta la cuisine à son tour, et se dirigea vers la chambre de l’homme.

Il entendit les pas dans le corridor et les reconnut.

Ces jours derniers, la hantise d’elle l’avait poursuivi. Depuis qu’il avait juré de la bannir de son existence, elle s’était imposée davantage à son esprit. Son image le poursuivait.

Pouvait-il sans déchoir, renouer la trame rompue du roman ébauché ?

Pourtant, s’il n’écoutait que le cri de sa chair, toutes ses préventions tomberaient, s’écrouleraient