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comme son père autrefois, une vie précieuse, une vie humaine comme la sienne.

Elle aurait dû se méfier, se demander le pourquoi de certaines choses qui l’intriguaient : son air mystérieux, sa peur des autres hommes, son silence obstiné sur ses antécédents.

Pauvre cœur de jeune fille, torturé, déchiré dans son amour et qui n’avait pas le courage de braver son entourage et les siens, et de croire, malgré eux, malgré elle-même, malgré tout ce que les apparences avaient de contraire, à l’innocence d’un être jadis cher.

Pouvait-elle réagir contre cette ambiance hostile qui l’entourait, la circonvenait ?

Ceux qui l’aimaient, qui la chérissaient, qui n’auraient voulu, pour rien au monde, lui causer de la peine, veillaient sur elle, lui dessillaient les yeux.

Avec les jours, la douleur devint moins aiguë, elle s’adoucit. Ce n’était plus qu’un chagrin, mais immense.

Elle pleurait une chimère, une illusion.

Un peu d’elle-même était mort, un peu de sa jeunesse quiète et joyeuse.