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Elle redoutait pour son ami la traîtrise de l’hiver. Son imagination s’effarait à la pensée qu’il vivrait seul, exposé à tous les périls, perdu dans cette immensité.

S’il allait, à son tour, être malade ? S’il se blessait ? Qui donc prendrait soin de lui, si loin, si loin ? Aucun secours à espérer ! Personne pour lui venir en aide ! Il crèverait là comme un chien, ne laissant aucune trace de ce qui aurait été lui.

Le matin du départ, elle frissonna en l’embrassant pour la dernière fois.

Quant à Jacques, un pressentiment l’avertissait de ne pas partir : un malheur rôdait, dont il devait être la victime.

Tout le temps que dura le trajet solitaire, le souvenir de Mariette le hantait, des détails l’obsédaient : l’effarement que trahissait le regard, la pâleur des joues que le contraste de la robe noire accentuait, le tremblement de la voix.

Des pensées amollissantes dissolvaient son énergie. Alors, il hâtait le pas, espérant semer ses craintes en route, retrouver sa belle confiance en l’avenir et en lui-même.