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46 LA VIE CANADIENNE profit doit y consacrer une attention particulière, se renseigner auprès des meilleurs auteurs connus, s’adresser au bureau des archives à Ottawa, à Québec ou à Montréal, où l’on trouvera la copie de documents, de mémoires bien classifiés, etc. Il faudra ensuite soigneusement comparer ses notes, les mesuîer et les considérer d’après les idé~s de l’époque, non pas de celle de nos jours, car < ntre les temps il peut y avoir une notable différ ence dans la valeur des gestes et des mots. , Les réminiscences étant une notation de souvenirs datant parfois de loin, sans appui sur aucune documentation positive, ne sauraient être considérées qu’avec réserve. Le mémoire suppose une relation plus soignée que celle des réminiscences. L’auteur aura connu les faits racontés à titre de figurant ou de témoin. Cependant, comme il peut s’y glisser des choses empruntées, il convient d’être toujours en garde en utilisant cette forme de renseignements. Nos recherches nous ont prouvé plus d’un« fois que d’anciens mémoires se rattachant aux premiers temps du Canada ne sont pas toujours exacts vis à vis la vérité historique. La relation ou récit détaillé faite tôt après l’accomplissement d’un événement quelconque a toutes les raisons pour être vraie, fidèle, et mériter la confiance et la considération de ceux qui vont y chercher ce dont ils cnt besoin. Le journal, qui est un écrit quotidien ou périodique, est le plus important de tous malgré sa forme concise et laconique. Il est souvent composé de menus faits qui aujourd’hui sont d’un intérêt intense pour nous puisqu’ils nous révèlent de la meilleure façon les moindres détails de la vie d’autrefois. Il est facile de compléter la brévité ou le sommaire pour ainsi dire télégraphique de son cadre. L’esprit mis en éveil se complaît à le suivre pas à pas le long de la route qu’il indique. Nous adressons ces quelques remarques aux chercheurs qui ne se douteraient pas des conditions énumérées ci-haut et requises de leur part, pour mener à bien leurs travaux histo- ) iques ou autres. Il y a des auteurs étrangers qui ont écrit d’excellentes pages sur notre pays et son passé. Par eontre, d’autres en mesure de faire bien aussi, ayant les sources d’information à leur portée, se sont plu. il semblerait. à faire oeuvre dérogatoire envers nous. L’un des pires exemples que nous avons rencontré a été publié à la fin de la dernière décade. Nous l’avions alors signalé à l’un de nos journaux, qui, cependant, n’en a rien dit. Pourquoi ? Ne convient-il pas de rectifier le faux où qu’il soit et surtout s’il renferme des allusions blessantes, injurieuses sur nos ascendants ? Voici donc le cas. Un livre intitulé l’« Expansion Française » a été publié en 1918. U est formé d’une série de conférences faites au Foyer, cercle fémirin, de Paris. Dans la partie de L’Expansion hors l’Europe », nous y relevons : Page 76 : Talon resta seize ans au Canada. Note : S’il n’y a pas ici une erreur typographique, l’auteur s’est grandement trompé, puisque le séjour de Talon au Canada n’a été que de six ans. Page 77 : Colbert envoyait chaque année (au Canada) des filles « saines et fortes » pêle-mêle avec des animaux reproducteurs. "Nous préparons les 150 filles, les cavales, chevaux entiers et brebis qu’il faut faire passer au Canada.” Note : Ce mot composé « pêle-mêle » sonne mal. disgracieusement, de la part de l’auteur et tendrait à faire croire à son auditoire que les Françaises envoyées par Colbert pour les marier avec nos colons n’étaient d’aucune importance hors leur qualité de « saines et fortes’’ les mettant au rang d’animaux reproducteurs. Ces filles ne sont pas venues sa/ le même navire que les chevaux, etc. Le « Journal des Jésuites » rapporte que les 12 chevaux, etc., sont arrivés avant la mi-août et que, le 2 octobre, arriva de Normandie un navire portant 130 hommes de travail, tous en bonne santé ; 82 filles, dont 50 venaient d’une maison de charité de Paris où elles avaient été très bien instruites. . . Page 77 : ...Trois cents soldats du régiment de Carignan restèrent qui, épousant les « filles saines et fortes » (expédiées avec les juments) firent souche de familles canadiennes. Note : 400 soldats s’établirent dans le pays. Nous demanderons à nos Canadiennes comment elles trouvent le compliment « galant » de l’auteur français devant un cercle féfinin à Paris ? La parenthèse est de l’auteur. Page 78 : Nos voisins les Anglais abrutissaient, en leur vendant de l’eau-de-vie, les