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— Merci, je ne me sens pas d’aise, répondit Dupont qui jouait son rôle en parfait comédien… votre rhum fait comme les barbillons donnant la chasse aux grains de blé qui montent… il grimpe dans ma boîte à musique… on dirait que je suis sur des chevaux de bois… tout tourne. Mais ça ne sera rien, je m’y connais, d’ici à cinq minutes, il n’y paraîtra plus.

— Un verre de cognac vous retapera, c’est souverain, dit Fabert, car je suis comme vous, le rhum me gêne un peu.

— Du cognac, vous en avez ?

— Oui une bouteille.

— Et bien, versez-m’en alors une gorgée, et, ensuite, avec votre permission, je prendrai congé de vous.

— La nuit est noire, vous ne trouverez jamais votre chemin, attendez à demain matin.

— Alors, laissez-moi faire un petit somme pour chasser le moulin à poivre que votre rhum a mis dans ma cervelle.

Un éclair à peine perceptible passa dans les yeux de l’inconnu.

— Oh ! cela, de grand cœur, fit-il.

Et il alla conduire Dupont au lit que son frère venait justement de quitter.

Le bonhomme dormait toujours.