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Chaque soir, c’étaient des causeries gaies, des histoires à n’en plus finir. Ils avaient fini par oublier Jim et Mack qu’ils n’avaient pas vus depuis leur départ de Melbourne, et cela à l’encontre de leur attente.

Un jour cependant une seconde hutte se dressa à vingt-cinq arpents environ de celle de nos amis. Dans cette hutte habitaient deux vieillards aux cheveux et à la barbe blanche. On ne pouvait croire qu’ils eussent atteint Forrest-Creek, vu leur grand âge. Mais on ne s’étonnait de rien dans ces parages. Les deux étrangers travaillaient aux mines et faisaient montre de leur vigueur. L’un d’eux rencontra un jour Dupont et lui dit :

— Bonjour, l’ami, comment trouvez-vous le séjour ici ?

Dupont tressaillit. Le son de cette voix lui semblait être connu. Il répondit cependant :

— Mais pas trop égayant, en vérité.

— Vous y êtes donc seul, sans amis !

— Au contraire, j’ai des amis.

— Ce n’est pas comme moi, je n’ai pour compagnon que mon frère… sans compter que ce pauvre frère, il commence à se faire vieux et que tôt ou tard, il faudra le laisser pour toujours.

— Quel âge a-t-il ?

— Quatre-vingt dix ans.