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le Parisien, Williams, Dupont, Bernard et le propriétaire du Clif-House devisaient ensemble, parlaient du passé et de l’avenir.

Le propriétaire du Clif-House était un type amusant ; on l’appelait le Père Porter. Tout le monde l’appelait volontiers ainsi, mais pas devant lui, par exemple… oh ! il ne l’eût pas souffert ! M. Porter avait trop le sentiment de son importance et de sa dignité…

À l’époque où se passent les faits que nous racontons, il possédait déjà une fortune rondelette acquise dans diverses entreprises. Venu à San Francisco en sabots, comme il aimait à le redire souvent, il devait à son activité et à son intelligence des affaires la position très enviable qu’il occupait ; aussi voyait-on dans l’expression de sa figure, dans la façon dont il redressait sa petite taille, la bonne opinion qu’il avait de lui même. Excellent homme d’ailleurs, et quoi que placé dans un milieu où se trouvaient réunis chaque jour des gens de races diverses, il savait se faire distinguer et aimer de tous.

— Savez-vous bien, messieurs, que les chercheurs d’or se multiplient chaque jour, disait M. Porter.

— Sans doute, répliquait le Parisien.

— À un tel point, continuait le Père Porter, que des bruits étranges courent de par toute la ville. On parle de meurtres, d’arrestations forcées, de dévali-