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Honoré. Ma mère mourut en me donnant le jour. Mon père me plaça entre les mains d’une nourrice qui, un jour, me déposa à l’âge de 10 ans en plein milieu d’une rue en disant : « Va, mon vieux, gagne ta vie, quant à moi, je n’en puis plus ! »… Je me plaçai alors chez un marchand de mourons et, avec un salaire de quatre francs par jour, je réussis à me subsister jusqu’à l’âge de quinze ans.

Durant ce laps de temps, j’entendais parler et dire qu’on ramassait l’or à poignée en Californie. La fièvre me prit d’y aller faire fortune.

Je partis.

Je plantai là mon patron pour devenir mon propre maître.

D’ailleurs, traîner une existence de serviteur mal rétribué m’ennuyait fort.

J’ai donc été en Californie, J’y ai ramassé de l’or, beaucoup d’or, en compagnie de mes deux honorables amis, Jacques Dupont et Williams Jicalha ; mais, suis-je plus riche ! Non, mille fois non. C’est pour cela que j’entreprends de nouveau un voyage en Australie où il y a beaucoup d’or, dit-on. Serons-nous plus riche après ? Nous l’espérons tous mais je ne le crois pas.

Le Parisien s’arrêta un instant, puis demanda :

— Dupont, un cigare ?…

Et l’ayant allumé, il garda le silence.