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Les apôtres canadiens de la tempérance savaient qu’ils faisaient un bien d’une incalculable portée ; c’est à nous de les seconder. L’association que la jeunesse canadienne a projetée, et que tout ce qui a cœur d’homme et cœur canadien soit seconder de son nom, de son influence sociale et politique, de sa quote-part de contribution qu’il peut faire aussi large et aussi petite qu’il voudra et qui sera toujours bienvenue, de ses sollicitations auprès des tièdes et des indifférents pour les gagner en œuvre, non pas d’aumône, qui quelquefois pousse à l’oisiveté, mais de philanthropie et de charité judicieuses qui poussent au travail et à l’économie ; est le moyen le plus efficace qui puisse être employé de faire fructifier les prédications des Janson, des Chiniquy, de tous ceux qui les ont secondés en Canada.

Rien de plus prochainement dangereux à jeter la jeunesse dans l’ivrognerie et toutes les calamités qui la suivent, que l’expatriation pour aller en service ou dans les chantiers d’exploitation des bois. Dans ceux-ci, des moments de travail exagérés sont commandés par la brièveté incontrôlable d’une saison mauvaise pendant plusieurs semaines ; il faut sortir les bois hors des forêts, couvertes dans un hiver de trop de neige, dans un autre hiver de trop peu de neige, pendant un petit nombre de jours favorables au halage. Il faut terminer cette partie de l’exploitation dans moitié moins de temps que l’on y aurait donné, dans une saison favorable.

C’est une excuse, une tentation presque irrésistible pour que les travailleurs, sollicités de faire plus que leurs forces ne le leur permettraient dans leur état naturel, soient entraînés à les redoubler