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bres, moraux et laborieux, pour qu’ils prospèrent plus vite. Une vieille et riche paroisse peut supporter quelques bons à rien. Un nouvel établissement en pourrait souffrir, à ce degré ; que des défrichements sans progrès, des cabanes sans propreté, des haillons troués, feraient croire que le sol est mauvais, et détourneraient de nouveaux colons de s’y fixer.

Les moyens les plus évidents de sauvegarder notre nationalité, c’est de l’aimer.

Des hommes injustes, fiers de leur nationalité, voudraient que nous fussions honteux de la nôtre. Ils nous mépriseraient bien, et très justement, si nous étions assez bas et vils pour les croire. À tous ceux qui auraient l’impudence de nous en faire reproche, répondons qu’elle a la plus antique, la plus noble et la plus belle origine, qu’il y ait aujourd’hui dans le monde civilisé, celle de la France. Il n’y a pas d’autres pays qui ait produit autant et d’aussi bons livres, ni qui puisse les vendre à aussi bas prix. L’éducation qui découle de cette source est jugée la meilleure qu’il y ait au monde, puisqu’elle est la plus universellement accueillie, partout où la civilisation et le bon goût ont pénétré. La France imprime pour toutes les nations éclairées. C’est d’elle que nous recevons notre éducation, qui fixe, distingue, illustre notre nationalité.

Parce qu’elle imprime, autant à l’étranger que pour le pays, elle imprime chaque bon livre à un grand nombre d’exemplaires. Un petit profit sur chaque copie dédommage l’auteur et l’éditeur, mieux qu’en aucun autre pays. Les livres se vendent à Paris moitié moins qu’à Londres : avec les mêmes dépenses nous aurons les moyens d’avoir deux fois plus d’instruction que ceux de nos concitoyens, qui ne prendront la leur qu’en anglais. Ils diront que la leur est la meilleure, nous disons que c’est la nôtre. C’est aux